Noblesse Arabe

La chaude journ e de septembre touchait sa fin. Le soleil achevait de dispara tre derri re le petit bois de cypr s qui couronne le coteau de Sidi-Bou-Medine. L'air fra chissait. Les derniers bruits des vieux moulins d'alentour venaient de cesser. Les sources lib r es cascadaient joyeusement dans les rocs, au milieu des menthes et des diss, de toute une v g tation maigre, d faillante, qui peu peu redressait la tige sous la caresse de l'eau... la lisi re des cypr s, autour de la fontaine de pierre que la l gende a surnomm e le Puits des Sept Vierges, un groupe de Mauresques tait r uni. Une gargoulette bleue s'emplissait lentement sous l'embouchure form e d'un tube de roseau vert. Assises sur leurs cruches renvers es ou simplement accoud es au d me blanchi de la rustique fontaine, les belles Tlemceniennes se d lassaient des ardeurs du jour, se disaient les nouvelles de la guerre, les menus potins de la tribu. Leurs blanches gandourahs de deuil faisaient contraste avec les sarmates chatoyantes, pos es de c t sur leurs cheveux, en forme de petits pains de sucre que recouvraient des foulards aux couleurs vives, frang s d'or. Et l'ensemble de ces coiffes roses, vertes, jaunes, bleues, brillait d'un clat plus intense aux derniers rayons du couchant... Elles taient toutes jeunes. Leurs visages discr tement fard s, leurs pieds et leurs mains rougis de frais, les massifs bracelets d'argent piqu s de clous d'or, les khelkhal cliquetant autour de leurs chevilles les faisaient ressembler une phalange de houris venue s'offrir en holocauste quelque marabout couch l sous les cypr s, dans cette fin du jour...