L'École Primaire Et Le Patriotisme

Il tait de mode chez nous, il y a quelque vingt-cinq ans, de rapporter l'instituteur allemand le m rite des journ es de Sadowa et de Sedan, et de consid rer ainsi son action scolaire comme un merveilleux apprentissage de la caserne et de la victoire. Nous ne nous demanderons pas s'il n'e t pas t plus juste de saluer dans les professeurs des universit s les vrais pr curseurs de la grandeur prussienne; et nous ne chercherons pas non plus si, dans les hommages que l'on colportait l'adresse du ma tre d' cole, n'entrait point en quelque mesure un certain parti pris, demi philosophique, demi politique, de diminuer la gloire de l'officier qui apprend manier le fusil, et de grandir, inversement, celle du civil, - d'un civil qui, dans certains cas, peut apprendre manier le bulletin de vote. On sait combien de vertus pr taient l' cole primaire Jules Simon et sa g n ration, et quels miracles de progr s devaient r sulter, les entendre, du d veloppement de l'instruction: aux heures o l'infortune de nos soldats imposait nos mes meurtries le plus laborieux et le plus pesant des soucis, la formule qui faisait de l'instituteur primaire le vrai vainqueur de Sedan compl tait admirablement la th orie un peu candide d'apr s laquelle la multiplication des coles devait tre la panac e des temps futurs. En vue m me des guerres prochaines, il nous fallait des coles primaires, et beaucoup; et non seulement pour conjurer le vice, non seulement pour conjurer le crime, non seulement pour conjurer la r action, mais pour conjurer, m me, de nouvelles d tresses nationales, on r clamait des instituteurs...