Adieu Cayenne

Chapitre 1 AU D BUT DE L'ANN E QUI VA FINIR... Au d but de l'ann e qui va finir, tout homme qui ach te un journal put lire une d p che provenant de Cayenne. Elle annon ait que le for at Dieudonn , ancien membre de la bande Bonnot, avait trouv la mort en voulant s' vader. Dieudonn ? Camille-Eug ne-Marie Dieudonn . Il a vingt-six ans, quand clate l'affaire Bonnot. De son m tier, il est ouvrier b niste; d'id es, anarchiste, ill galiste, ainsi que l'on disait l' poque. Il a nourri son jeune ge de la litt rature des citoyens Alexandre Millerand, Urbain Gohier, Aristide Briand, Gustave Herv . Il n'ignore pas Gustave Le Bon. Il r citerait sans d faillance les livres de l' minent M. F lix Le Dantec, professeur la Sorbonne. Stirner, Nietzsche sont ses ma tres. C'est assez dire qu'il ne fait pas partie de ces ouvriers de marchands de vins et du V lodrome d'hiver. Il est un intellectuel La journ e finie, il court les r unions que lui recommandent les professeurs plus haut cit s. L'innocent Il ferait mieux d'aller sur le zinc L , il rencontre tous les ennemis de la soci t . Il en conna t m me qui s'appellent Garnier, Bonnot, Callemin, dit Raymond-la-Science. Justement, cette date, Garnier, Bonnot, Callemin montent dans des automobiles. Ils ont un revolver au poing et ils tirent sur des employ s de banque, ils descendent des agents de police, ils assassinent des chefs adjoints de la S ret . Ils en font bien d'autres Mauvaises fr quentations pour un b niste Il e t fallu se saisir des gar ons qui, croyant faire les ap tres, ne faisaient que les bandits. La police n'y parvenait pas. Elle se rabattit sur le voisin, non le voisin d'habitation, mais le voisin de doctrine. Ainsi fut arr t Dieudonn . C'est l que le drame commence. Auteur: Albert Londres (n le 1er novembre 1884 Vichy et d c d le 16 mai 1932 dans l'oc an Indien) est un journaliste et crivain fran ais. Je demeure convaincu qu'un journaliste n'est pas un enfant de choeur et que son r le ne consiste pas pr c der les processions, la main plong e dans une corbeille de p tales de roses. Notre m tier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie . Cette maxime d'Albert Londres r sume bien l'id al de ce professionnel de l'information qui reste une r f rence pour de nombreux journalistes fran ais. Depuis 1933, le Prix Albert Londres r compense les meilleurs journalistes francophones. Sources: http: //fr.wikipedia.org