Souvenirs de Jeunesse

" Nous sommes, je crois bien, les seuls survivants de l' poque radieuse du romantisme (1830-1848). Je te d die ces pages, les derni res sans doute que j' crirai, toi qui fus une des plus charmantes figures du bataillon sacr . Tu as illustr les Contes d'Hoffmann, toi qui contais si bien les contes romantiques. C'est toi qui le premier as eu l'id e de vivre en phalanst re dans le vieux Paris devant le Louvre, dans ce vieil h tel bien digne de nous abriter tous. Nous l'avons d'ailleurs illustr de peintures plus ou moins tranges o chacun de nous marquait son style. C' tait d'ailleurs le style Renaissance et non le style moyen ge qui dominait. Il y avait bien aussi, gr ce toi, le style orientaliste. Je vois encore ta Cl op tre dont j' tais amoureux. Tout cela tait peint sur des panneaux appartenant au propri taire; il nous a fallu tout abandonner en abandonnant l'h tel. Que ne donnerais-je, aujourd'hui, pour retrouver ces peintures G rard de Nerval, orientaliste comme toi, s'est risqu emporter ta Cl op tre. Te souviens-tu que, par le hasard des choses, tu as retrouv G rard de Nerval Th bes ? Moi, je l'avais retrouv Venise, s'embarquant pour Constantinople. C'en tait donc fait du Phalanst re. P trus Borel voyagea aussi. Notre pauvre ami est mort de faim dans les sables du d sert. douard Ourliac n'alla que jusqu' Rome o , gr ce l'itin raire chr tien de Louis Veuillot, il retrouva Dieu qu'il avait d'abord reni ..."