Journal Des Goncourt (Deuxième Série, Deuxième Volume)

Le Journal des Goncourt suscite ?galement admiration (le meilleur de l'oeuvre ou, selon Robert Ricatte, le plus beau de leur roman ) et aversion (un ramassis de ragots et de malveillance, la preuve d'un ?chec). Il convient d'abord de s'en ?tonner, au lieu de l'accepter simplement comme un bien n?cessaire - ?ph?m?rides et r?pertoire ? consulter en toute occasion -, ou de l'int?grer naturellement dans l'ensemble des ?crits, en tant qu'appendice, esquisse, compl?ment ou substitut de l'oeuvre l?gitime, bien que l'une et l'autre d?marche soient parfaitement fond?es, et du reste illustr?es par de multiples travaux sp?cialis?s, dont le pr?sent colloque s'est largement fait l'?cho. Les consid?rant comme acquis, je souhaiterais d?placer le point de vue et proposer une approche un peu nouvelle, me semble-t-il. L'entreprise me para?t en effet offrir mati?re ? un questionnement radical, si l'on entre un moment dans la perspective de l'organisation - ou r?organisation - du champ litt?raire tout au long de la seconde moiti? du XIXe si?cle, et d'une r?flexion sur le statut de l'?crivain moderne, ou la figure embl?matis?e de l'homme de lettres. Un d?pouillement syst?matique du Journal, par les moyens informatiques, permettrait seul d'?tablir, m?thodiquement et chronologiquement, sur des bases lexicales, la nouvelle probl?matique de l'?crivain fin de si?cle qui s'y dessine, en rupture avec les valeurs du premier romantisme (autour du Po?te ), entre artiste et intellectuel. Mais le Journal est moins une oeuvre th?orique qu'une oeuvre de combat, soumise aux variables conjoncturelles et consubstantiellement engag?e dans la pratique de la litt?rature, dont il traite. Je me contenterai ici de d?gager une perspective d'?tude, ? travers une approche concr?te des questions soulev?es par ces milliers de pages, qui couvrent pr?s d'un demi-si?cle de la vie litt?raire (je reviendrai sur ce sous-titre). Le genre et la masse invitent au feuilletage plut?t qu'? une lecture con